Lluent Coll Joseph Curé - Généalogie de Mosset

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Lluent Coll Joseph Curé

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Joseph Lluent Coll (<1916->1938)
Curé de Mosset de 1936 à 1938

" Après quatre mois de silence, les cloches de Mosset retrouvèrent leur joie à l'arrivée du nouveau curé. Jeune prêtre espagnol, Monsieur l'abbé Lluent, arrivait dans la paroisse avec le désir d'y faire du bien, mais n'y réussissant pas et critiqué par des personnes malveillantes, il fut complètement découragé et demanda son changement."
(Copie de
ce qu'écrivit Monsieur l'Abbé Pailler, son successeur)


Werner Thalheim, d'origine allemende rejoint, la Coume en 1934. On lit dans ces souvenirs sur cette période :

"De cette petite commune d'à peine 500 âmes l'une des figures était le curé catholique. Comme nous l'avions déjà appris par des ragots qui couraient dans le village, ce curé, qui n’était plus tout jeune, était arrivé à Mosset sous le coup d’une sanction disciplinaire. Lui, digne représentant de l’église catholique, n’aurait pas su résister comme il l’aurait fallu à la tentation de la chair dans une ville assez importante du sud de la France. C'était à l'évidence un homme cultivé, parlant plusieurs langues, qui prenait manifestement plaisir à discuter avec nous qui étions athées, étrangers, et allemands de surcroît. Toutes les fois où nous nous rendions au village, nous avions pris l'habitude d'aller le retrouver. Son presbytère me faisait penser au cabinet d'alchimiste du Docteur Faustus. Dans une étagère au-dessus de sa table de travail il y avait toute une collection de liqueurs françaises de premier choix, ce qui laissait à penser qu'il ne se laissait pas abattre. Sa servante s'appelait Louise. Elle était petite et bossue. C’est sans doute pour que notre curé ne soit pas tenté de retomber dans ses péchés de jeunesse que sa hiérarchie la lui avait choisie. Il avait l’hospitalité d’un grand seigneur telle qu'on la rencontre surtout en Espagne. Dès qu’il frappait dans ses mains, Louise apparaissait, grimpait sur un escabeau pour les raisons évoquées précédemment, se hissait jusqu'à la collection de bouteilles et demandait alors : «qu'il faut que je descende, Mr. Le Curé ?». Après que chacun d'entre nous eut exprimé son choix, – en ce qui me concerne, ma préférence allait à la Bénédictine (une liqueur de moine) – Louise descendait avec plusieurs bouteilles sous le bras et nous servait. Alors, il commençait à raconter des histoires, et aujourd'hui  je le revois encore, avec sa façon de raconter inoubliable, haute en couleurs et vivante, bien à lui, prince en son église.
  Un jour, c'était peu de temps avant Noël, Pitt, Yvès et moi étions retournés chez lui, lorsqu'il nous demanda soudain d'un air solennel s'il pouvait nous adresser une requête. Il s'agissait, commença-t-il avec embarras, de la messe de minuit à l’église. Nous ne pouvions que l’écouterexpliquer l’histoire et la signification de la messe dans le rite catholique, et  nous raconter les anecdotes amusantes qu’il avait vécues… Et il en vint soudainement à parler des chants de Noël allemands si émouvants et si poignants. Il finit par en venir au fait en nous demandant si nous serions d’accord pour chanter deux chants allemands, après l'entrée interprétée à l'orgue, juste avant le début de la messe. Il savait que nous n'étions pas croyants, ni pratiquants et peut-être même pas chrétiens , mais il ne pensait pas se tromper en voyant en nous des hommes de bonne volonté à qui, dans un tel endroit, il ne viendrait pas à l'esprit d'organiser des manifestations politiques ou même d'interpréter des chants déplacés comme l'Internationale. Nous demandâmes à réfléchir et nous consultâmes les camarades pour savoir si nous perdrions la face en chantant des chants de Noël allemands pour des paysans catalans. Alors, nous acceptâmes et nous choisîmes de chanter 'Stille Nacht' et 'Es ist ein Ros entsprungen'. Afin de ne pas nous rendre ridicules, nous répétions avec application au petit déjeuner ou au repas du soir. Quand arriva Noël, nous fûmes quelque peu déçus car la petite église du village n'était à vrai dire fréquentée que par des femmes et des enfants. Les hommes eux étaient restés à fumer sur la place de l'église et débattaient de vaches, de veaux et de prix. Néanmoins notre réputation dans le village s'en trouva grandie. Tout le monde nous saluait amicalement et nous étions 'les Allemands qui chantaient
."

Traduction  : Annick Carlier-Doutrelant
Extrait de l'autobiographie inédite de Werner Thalheim, en cours de traduction dans le cadre d'un projet d'édition sous le contrôle de Barbara Thalheim et de Madeleine Claus, l'une des animatrices de l'association mémorielle " Trajectoires ".

 
Mis à jour le 27/07/2017
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