Bazinet Léon - Généalogie de Mosset

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Bazinet Léon

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Léon Joseph Henri BAZINET
(1855-1925)
Officier


D'après François Bazinet à Nice - 2012

Léon Bazinet est né à Mosset le 3 janvier 1855, dans la maison du 3 Route de Prades, maison achetée par son grand père Sébastien en 1813.
Son père Sébastien est docteur en médecine à Mosset alors âgé de 44 ans, marié à Thérèse Lavila âgée de 38 ans*. Il a deux sœur Louise et Léontine.

Il aura 2 enfants Marie-Thérèse née le 10/01/1899 à Briançon et Sébastien, Léon, Jean né à Laghouat le 27 juin 1904

Scolarité
Elève à l’école de Mosset, très suivi par son père, il fait une brillante scolarité primaire, certificat d’étude et brevet.
20/03/1868 Demande d’inscription au concours pour l’obtention d’une bourse (lettre du docteur Bazinet au préfet des  Pyrénées Orientales)*
09/04/1868 Obtention d’une bourse pour entrer au collège de Perpignan*
05/08/1869 Collège de Perpignan Prix d’excellence (fin de la 4 ème)*
31/07/1871 Collège de Perpignan 1 er prix de version latine, d’histoire naturelle et d’histoire-géographie)* 2émé prix de narration latine et de mathématique* (fin de la seconde)
04/08/1873 Collège de Perpignan 1 er  prix de dissertation latine2ème prix de dissertation française *(fin de la 1ere)
1874/1875 Lycée de Toulouse nombreux premier et second prix, préparation à St Cyr.
06/1875 Demande de bourse pour entrer à Saint Cyr

Léon Bazient en 1912 à Brest

Carrière militaire:
Engagé volontaire
Le 23/10/1875 : Elève à l’Ecole Spéciale Militaire (Saint Cyr)
Le 01/10/1877 : Sort Sous lieutenant au 88 ème Régiment d’Infanterie
Le 25/03/1883 : Lieutenant au 9 ème d’Infanterie
Il enchaîne 2 séjours en Algérie
Du 28/11/1882/ au 15/05/1883 : En Algérie, il participe aux travaux de relevés cadastraux de la carte régulière de la vallée du Cheliff dans la province d’Oran sur 143 Km2 (lettre de félicitations du colonel)*
Du 01/12/1883 au 17/05/1884 en Algérie
Du 17/01/1885 au 23/08/1887 : Corps expéditionnaire au Tonkin - Lieutenant
Le 26/01/1885 : Lettre à Léontine sa sœur, alors en route pour le Tonkin en escale à Port Saïd. Voyage de 40 jours de bateau (texte en fin dossier dans l'Annexe 1)
Le 06/09/1885 : Médaillé du Tonkin
Participe à de nombreuses opérations de pacification qui lui valent rapidement une promotion au grade de capitaine.
En 04/1886 : Capitaine
Le 19/04/1886 : Capitaine au 133 ème  Régiment d’Infanterie, chef de bataillon
Tonkin 1886 : Capitaine au 4éme Régiment de Tirailleurs Tonkinois
Le 01/07/1888 : Chevalier du Dragon Vert de l’Annam
En 1890 : Capitaine au 15 e Régiment d’Infanterie
Le 30/12/1895 : Chevalier de la Légion d’Honneur
Le 09/10/1896 : Chef de bataillon major au 66 ème Régiment d’Infanterie (commandant)
En 1896/1899 : Briançon
Du 13/03/1899 au 25/10/1906 : Enchaînement de 2 séjours en Algérie et Tunisie.
Vers 1903 : Laghouat commandant aux Tirailleurs Algériens.
Le 29/06/1904 : mort du cheval Abdallah (voir anecdote en fin de dossier, annexe 2)
Affaire des fiches (Annexe 3)
C’est à ce moment qu’éclate l’affaire des fiches (voir étude en fin de dossier). Le colonel Bazinet est éclaboussé par des ragots diffusés par la presse, ragots ayant pour auteur le Vénérable Maître de la loge Bélizaire du Grand Orient d’Alger, monsieur Dupuy. Léon Bazinet provoque monsieur Dupuy en duel, ce dernier se «dégonfle» prétextant que les insinuations rapportées ne proviennent pas de lui, qu’il n’a fait que les transmettre*.
Le colonel Bazinet fait publier dans toute la presse française son indignation et la dérobade de monsieur Dupuy*.
L'affaire des fiches. En 1904, le ministre de la Guerre entend favoriser les carrières des militaires républicains dans une armée réputée très cléricale. Il fait appel au Grand Orient afin que ses membres réalisent des fiches sur le cléricalisme et l'engagement républicain des officiers.
Le 30/12/1905 : Officier Légion d’Honneur
Le 27/09/1906 : Lieutenant Colonel au 19 ème Régiment d’Infanterie
Vers 1908 : Brest
Le 07.01.1910 : Officier de l'Ordre de la Légion d'Honneur par décret du 07.01.1910 (L0151064)
Le 03/03/1913 : Admis à la pension militaire de retraite
Lieutenant Colonel, il ne sera jamais colonel plein et général, la 3 ème
République laïque après la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’ayant jamais aimé les officiers allant à la Messe….
Il profitera peu de temps de sa retraite, de Nice et de Mosset, la grande guerre arrive.
Le 03/08/1914 : Il sera rappelé au 122 ème Régiment d’Infanterie, puis au 211 ème Régiment le 03/08/1915
Le 20/10/1915 : Gazé et blessé à la jambe à Prunay (Marne)
Le 25/12/1915 : Rayé des cadres (Bulletin de cession d’activité)*

Vie familiale.
Après le  décès de son père le docteur Sébastien Bazinet en 1881, sa mère née Thérèse Lavila  fait donation par actes auprès de Maître Mas notaire à Prades le 24/03/1884* des terrains ci dessous à ses 3 enfants Louise, Léontine et Léon et de la maison de la Route de Prades, moyennant une pension annuelle et viagère de 1000,00 francs. (Acte de donation)*
1 pièce de terre au lieu dit le Sola de 70 ares
1 jardin au lieu dit Horts d’Amon de 4 ares

Le 06/06/1883 : Mariage tardif de sa sœur Louise. Elle a 40 ans, avec le capitaine Adolphe Gaché (1833-1885) qui décédera 2 ans plus tard.
Léon Bazinet se marie à Marseille le 27/11/1897 avec Ernestine Servia.
C’est à Briançon que naît Marie Thérèse le 10/01/1899.
Séjours en Algérie où Ernestine l’accompagne. Il fallait plus de 4 jours de diligence pour arriver à Laghouat.
Le 27 juin 1904, naissance de Jean en fin du séjour de Léon à Laghouat.
Le 21/11/1910 : Décès de Léontine, sœur de Léon à Marseille.
Après différents déménagements et une affectation à Brest il sera mis à la retraite le 03/03/1913.

Retraite.
Le 03/03/1913 : Mise à la retraite.
Quelques mois de résidence à Marseille, avant une installation définitive à Nice
Le 29/07/1913, Léon Bazinet, en villégiature à Mosset; reprend les clés de son jardin que cultivait Baptiste Soubielle (1870- >1930) (avec ou sans autorisation?). Soubielle, télégraphiste et facteur-receveur à Mosset,  intente un procès pour perte de récolte Procès auprès du Tribunal de Paix de Prades*, condamnation à 8 francs pour perte de récolte plus 13,50 francs de frais de Léon Bazinet (jugement du Tribunal de Paix de Prades)*
Le 23/10/1924 Léon Bazinet et son épouse Ernestine sont obligés d’hypothéquer la maison de Mosset du 3 Carretera de Prada auprès de Rémy Jocomy (1860), banquier à Prades pour la somme de huit mille francs (8.000) mise à leur disposition*.
Les intérêts sur compte créditeur seront de 4%, sur compte débiteur de 9 %. (Contrat de M° Pavie notaire à Prades) (Bordereau d’inscription d’hypothèques du 23/11/1924)
Le 29/11/1924 Hospitalisation à l'Hôpital Pasteur à Nice
Léon Bazinet décédera à Nice le 25 février 1925 des suites de ses blessures (intoxication par les gaz de combat).
Sa disparition fait l'objet d'une annonce dans le journal local Le Canigou
"Le Canigou  de 1925
Décédé des suites de ses blessures
Officier de la légion d'honneur
Chevalier de l'ordre impérial du Dragon vert de l'Annam médaillé du Tonkin
après un longue carrière dans les colonies et dans le service géodésique
."

Après sa mort, la retraite de veuve de guerre ne sera pas suffisante à Ernestine qui devra envisager de se séparer de la maison de Mosset.
Monsieur Jacomy sera remboursé le 15/06/1927 par un emprunt d’Ernestine Bazinet auprès Monsieur Estise.
Ce remboursement permettra de lever l’hypothèque et de vendre la maison de Mosset à Isidore Assens (1890-1968), receveur des postes.



Annexes

1 - Lettre de Léon Bazinet en route pour le Tonkin à sa sœur Léontine.

Port Saïd, 26 janvier 1885
Ma chère Léontine,
Nous voici arrivés au fond de la Méditerranée. 10 jours de voyage. Je n’ai plus que 30 jours de traversée, heureusement on finit par se faire à la monotonie du bord.
Je t’ai écrit que nous avions quitté Toulon le 17 janvier à bord d’un magnifique paquebot, le Béarn dont je t’envoie l’image, la mer a été très mauvaise jusqu’à Alger où nous nous sommes arrêté 12 heures.
Nous avons côtoyé ensuite l’Algérie jusqu’à Philippeville; belle mer, escale de 12 heures.
Après Philippeville, nous avons gagné la haute mer, côtoyant la Tunisie, passant au large de l’île Santa Maria et de la Sicile. Plus tard nous avons vu les feux de Malte et de sa capitale, La Valette.
Cette excursion est très intéressante surtout lorsque des souvenirs historiques servent à jalonner la route.
A partir de Malte, nous gagnons définitivement la haute mer. Plus de terre en vue, il n’est même pas possible d’apercevoir le sommet de l’île… avec le mont Sola.
La Méditerranée a été grosse dans ces parages, nous ne retrouvons le calme qu’en face d’Alexandrie.
Nous doublons les bouches du Nil, on distingue le phare de Rosette, de Damiette et enfin ce matin nous nous présentons devant Port Saïd, il est 7 heures.
Du large Port Saïd paraît une assez grande ville. La côte est basse, sablonneuse, triste à voir. Pas un arbre. Quantité de navires de toutes les nations dans le port, à l’entrée du canal de Suez. Les maisons de la ville sont pour la plupart garnies de vérandas, construction que justifie le climat.
Mais chose très simple et qui étonne cependant, c’est que plus nous montons à l’Est, plus l’heure avance et plus tôt il fait jour. A 5h1/2 du matin la nuit est complète à Mosset, ici nous y voyons fort clair. Il ne fait pas encore chaud, nous jouissons d’une température de printemps 20 à 25° au dessus de zéro.
Comme confort, l’installation du Béarn ne laisse rien à désirer pour nous. Il y a environ 30 officiers à bord et 1300 hommes, de la légion, des tirailleurs, et du bataillon d’Afrique. Nous naviguons de conserve à une demi journée  de marche environ avec les navires suivants qui transportent autant de monde que nous, La France, La Provence, L’Annamite et le …
Je vais descendre à terre et voir de prés la population Levantine et cosmopolite qui grouille ici.
Nous partons demain matin. Nous traverserons le canal pour nous engager dans la mer Rouge, désormais, nous ne ferons plus relâche qu’à Aden, à Colombo dans l’Inde (île de Ceylan), Singapour et Haiphong (Tonkin).
Je vous écrirais probablement de chacune de ces escales.
Vous devez avoir reçu mes photographies, je crois qu’elles seront très bien venues. Je les ai payées.
Quant à moi, je me porte fort bien un peu enrhumé cependant depuis deux ou trois jours.
La chaleur de la mer Rouge me guérira complètement.
J’apprends à l’instant que nous ne relâchons plus à Colombo, nous allons tout droit d’Aden à Singapour.
Au revoir, je vous embrasse tous, Maman, Louise Adolphe
[Gaché] et toi.
Je vous donnerai de mes nouvelles toutes les fois que je pourrai.
Rapportez-moi au souvenir de tous nos amis.
Vous pouvez  m’écrire dès maintenant. Je recevrai vos lettres au Tonkin plus tard. Mon adresse  M. L B
Lieutenant au 28 ème de ligne détaché au 1 er Bataillon du 3 ème Tirailleur au Tonkin.
Une dernière fois je vous embrasse. Léon


 2 - La Mort d’Abdallah.

L’administration des Armées, mettait à la disposition de ses officiers un cheval. Cette mise à disposition était payante, sous forme d’abonnement. Un «dépôt de remonte» véritable contrat et descriptif de la monture était établi*.
Le 12/09/1901, le cheval affecté au chef de bataillon Bazinet en vertu d’une autorisation du ministre de la guerre s’appelle Abdallah*.
Abdallah aura une fin tragique, il sera abattu après avoir été grièvement brûlé au cours d’un incendie criminel de son écurie le 29 juin 1904. Un compte rendu* et un procès verbal d’abattage* sont nécessaires pour que l’administration raye Abdallah de ses effectifs.
La régularisation de cette perte durera jusqu’au 08/08/1908*.



3 - L’affaire des Fiches

Les origines de l’Affaire
Le
général  André, est nommé en 1900 ministre de la guerre, pour remplacer le général de Galliffet démissionnaire, dans le gouvernement de Défense républicaine de Waldeck-Rousseau, puis reconduit dans celui d'lt Emile Combes, après le triomphe du Bloc des Gauches aux élections de 1902. Désireux de républicaniser l'armée en la laïcisant, cet anticlérical farouche un peu ridicule, méprisé par ses collègues et ses subordonnés, interdit en 1903 aux soldats de fréquenter les cercles militaires catholiques en application des nouvelles lois laïques sur la "neutralité" supposée, exigée des institutions républicaines et de leurs membres.
L'année suivante
André fait appel aux cellules locales (appelées loges ou ateliers) du lt Grand Orient de France, organisation maçonnique qui est à l'époque pleinement engagée dans la lutte pour la séparation de l'Église et de l'État, pour établir au total 25 000 fiches sur les opinions politiques et religieuses des officiers se rendant à la messe.
Dans la pratique, la direction du G.O ( le Conseil de l'Ordre) fait passer une circulaire aux vénérables maîtres (présidents) de chaque loge de cette obédience pour leur demander de rassembler à leur niveau le plus d'informations possibles sur les officiers des garnisons de leurs villes ou départements. Si de nombreux vénérables (généralement ceux des loges bourgeoises modérées qui désapprouvent les excès du combisme) ne donnent pas suite, ne voulant se compromettre dans une opération de "basse politique", d'autres, surtout ceux des ateliers les plus extrémistes ( radicaux ou socialistes) se lancent avec enthousiasme dans l'opération par haine du clergé, de la religion ou même de l'armée. Sur les fiches ainsi constituées, on pouvait voir des mentions comme « VLM » pour « Va à la messe » ou « VLM AL » pour « Va à la messe avec un livre ». Les fiches sont d'abord centralisées au secrétariat de la rue Cadet (Hôtel Murat), siège du GO, par un nommé Bidegain, simple maître maçon et ancien séminariste puis transmises au capitaine Moulin, gendre d'
Anatole France et secrétaire particulier du général André, et dont ce sera la seule mission importante de l'insignifiante carrière. Les officiers sont alors classés pour la constitution des tableaux d'avancement sur deux listes d'après les renseignements fournis, poétiquement nommées par André, Corinthe (les officiers à promouvoir) et Carthage (ceux à écarter des promotions).

Le déclenchement de l'Affaire
Mal payé, méprisé de ses employeurs et à court d'argent, Bidegain prend soudain conscience de la bombe politique qu'il possède entre les mains en cette période d'effer
vescence extrême due à la rupture des relations diplomatiques de la France avec le Saint-Siège suite aux malheureuses affaires des évêques Geay et Le Nordez et il vend, connaissant paradoxalement en tant que franc-maçon la totale inexistence de la fameuse "vengeance maçonnique contre les parjures" chers aux lecteurs de Léo Taxil et aux conspirationnistes , les dites fiches au journal conservateur d'opposition Le Figaro. Elles sont publiées le 27 octobre 1904 et Louis André est contraint de démissionner quelques jours plus tard après avoir été giflé sur le banc même des ministres dans un geste mélodramatique par le député nationaliste lt Syveton que l'on retrouvera mort mystérieusement quelques jours plus tard, suicidé  les veines ouvertes dans
son bain, la veille d'une séance où il s'apprêtait à faire de nouvelles révélations, probablement plus victime de son épouse et de son amant que du "poignard des Kadosh".

Les suites politiques et judiciaires de l'Affaire
Les fonctionnaires n'ayant pas à l'époque de statut protecteur et étant considérés comme des agents du gouvernement d'une part, les militaires ayant un rôle et un statut très particulier sous la Troisième République d'autre part ( ils ne votent pas et n'ont pas le droit d'exprimer publiquement des opinions politiques du moins pas au sens de factions durant leur service actif),le général André avait paradoxalement le droit, du moins dans l'idée des prérogatives politiques de l'époque, du gouvernement sur ses agents , bien qu'il soit ici tout de même aux limites de la légalité de faire surveiller ses officiers y compris dans leur vie privée au nom de l'intérêt supérieur de l'État. Aucune poursuite judiciaire ne sera intentée contre lui mais c'est au niveau politique que se situe ici la crise. Seul Syveton est poursuivi sur le plan judiciaire pour voie de fait sur la personne du ministre de la Guerre en plein Parlement mais son décès prématuré prive la France d'un de ces épisodes amusants dont elle raffole à l'époque. Par contre, l'affaire provoque la chute de Combes et sa fin politique, avec en prime l'ironie de certains radicaux comme
Clemenceau, et la colère des républicains modérés du Bloc des Gauches comme les futurs présidents Poincaré, lt Paul Deschanel ou Paul Doumer qui démissionnera même quelque temps du Grand Orient. Cependant, elle n'empêchera pourtant pas la poursuite de la politique de républicanisassions du personnel de l'État et donc de l'armée et l'offensive anticléricale et plus généralement antireligieuse de la majorité qui sera reconduite et renforcée encore lors des élections de 1906 après la Séparation des Eglises et de l'Etat et l' Affaire des inventaires.

Les suites morales de l'Affaire
Plus gravement, l'affaire des fiches entamera profondément le moral et la cohésion du corps militaire à une époque où à l'inverse des français, le gouvernement allemand se persuade de plus en plus, comme l'empereur Guillaume II dès son avènement, qu'une guerre est à terme une nécessité inéluctable pour le développement et la prospérité politique et économique de son pays. Les officiers considérés comme « réactionnaires et cléricaux », généralement issus de familles traditionalistes ont été souvent écartés des postes importants de l'armée, quelquefois au profit de carriéristes médiocres issus des loges ou de la clientèle des partis de gauche, et la France a dû se passer d'eux pendant la
Première Guerre mondiale, en tant qu'officiers d'active à tout le moins.
En outre, suite à l'
affaire Dreyfus, le service de renseignement de l'armée (2ème Bureau), considéré comme subversif, a déjà été épuré et complètement désorganisé durant un certain temps, ce qui donnera aux services allemands une longueur d'avance dans ce domaine en plein développement de l'art de la guerre.
Pour l'anecdote, le colon
el Pétain, directeur de l'école de Saint-Cyr, connu à l'époque pour son athéisme et ses sympathies républicaines et dreyfusardes sera abordé pour collaborer au fichage de ses subordonnés et étudiants et peut-être aussi pour intégrer la loge "Alsace-Lorraine", la loge de prestige, d'ailleurs très modérée du GO à laquelle appartiennent ou ont appartenu des notables républicains modérés de tendance plutôt nationaliste comme Jules Ferry ou le général lt Joffre. Son refus brutal et assez méprisant sera sanctionné par une stagnation de sa carrière qu'il reprochera durablement à la maçonnerie qu'il considérera désormais comme une association néfaste de lobbyistes fanatiques ou douteux.

Tentative d'analyse et de conclusion
Il est à noter que le général André ne fut jamais semble-t-il franc-maçon lui-même et qu'il avait choisi cette organisation pour des raisons essentiellement pratiques pour cette sorte de "flicage" : le nombre important de ses membres pour l'époque et surtout leur dispersion géographique sur tout le territoire métropolitain et colonial, l'anonymat ou le secret de l'appartenance de la plupart des simples adhérents, leur culte apparent du secret et bien sûr leur bonne disposition politique de principe. Rétrospectivement pourtant, on ne peut que sourire de la naïveté du général André qui doutant de la loyauté républicaine de ses propres services internes "trop réactionnaires" et discrédités aux yeux des bons républicains par l'affaire Dreyfus confie à une simple association de citoyens de plusieurs dizaines de milliers de membres composée non de professionnels mais pourrait-on dire de policiers du dimanche, une opération de police secrète sans envisager apparemment un seul instant que l'affaire avait toutes les chances d'atterrir sur la place publique. Un tel amateurisme se rattache sans doute psychologiquement plus à un reste de la mentalité du romantisme des "sociétés secrètes" du XIXe siècle qu'à un travail sérieux de police politique moderne.

 
Mis à jour le 27/07/2017
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