Période de 1862 à 1869 - Ecole - Histoire de Mosset

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Période de 1862 à 1869 - Ecole

XIXe siècle > 1862 à 1869

École de Mosset de 1862 à 1878


Jean Basso dit "Bénome" – Instituteur en 1863


Jean Basso (1834) dit "Bénome" né à Thuès-entre-Vals succède en 1863 à Mosset à Jean Charles Labarrère. Son brevet de capacité est du 01/05/1855. En 1858, célibataire, instituteur suppléant  à Thuès, il est muté à Mosset le 28/04/1863. Marié, il retourne à Thuès le 01/12/1863 avec un traitement de 600 francs.
En 1895-1896, à Banyuls-sur-mer, il est récompensé sur la qualité de ses cours aux adultes. A ce titre, on lui fait don de livres.(ADPO 1T62, 1T65, 1T64, 1T326)


Jean Montal – Instituteur de 1863 à 1867


Jean Montal (1832) né à Ille sur-têt succède à Mosset à Jean Basso.
Élève de l'école normale, il obtient son brevet le 16/08/1851. Il épouse en 1852 à Joch Thérèse Gensane (1823). En 1855 il est à l'école de Joch - Rigarda
Nommé de Joch à l'école de Nyer le 6/12/1856, son traitement est de 200 francs.
Commentaire de l'inspecteur en 1857 : "Le sieur Montal est un bon instituteur qui exerce depuis 1851. Il peut diriger une école plus importante et il demande son changement. M. le maire et M. le curé de Nyer le verraient avec satisfaction en charge de l'école communale."
Le 02/1858, nommé à Ria, son traitement est de 600 francs. Le 29/05/1861, il est nommé de Ria à Palalda.
Il arrive à Mosset le 01/11/1863. Il a comme collègue, instituteur privé, un certain Catala. Il n’y a pas encore d’institutrice.
Son traitement en 1865 est de 700 francs.

Rapport de l'instruction publique en 1865 sur l’enseignement à Mosset
Mosset : 1214 habitants,
École laïque de garçons

  • 22 élèves âgés de moins de 7 ans

  • 4 élèves âgés de plus de 13 ans

  • 31 élèves "payants", 12 "gratuits" soit au total = 43

  • 1 élève fille de plus de 13 ans n'ayant jamais fréquenté l'école.

  • 16 élèves filles exercées aux travaux de l'aiguille.

Instituteur  : Montal Jean, ancien élève de l'école normale, Brevet élémentaire
Revenu fixe = 218 francs
Direction d'école : "bonne."
"Moral, capable mais dont le zèle n'a pas toujours été soutenu.
Il a organisé un groupe, qui forme les éléments d'une classe d'adultes"
Trois écoles coexistent à Mosset en 1865 :
École laïque de garçons, (avec M. Montal)
Deux écoles libres : pour les garçons (Catala) et pour les filles (Cantié)
Le 01/10/1867, Montal est muté à Fuilla et est remplacé à Mosset par Vernet André.
Montal termine sa carrière à Fuilla le 03/10/1890, âgé de 58 ans après 36 ans de service avec un traitement moyen de 1376 francs. Sa pension sera de 917 francs.

Revenus de l’Instituteur
Le 5/02/1863 le Conseil Municipal fixe les revenus de l’instituteur et les charges communales pour l’instruction publique.
Selon la loi les revenus de l’instituteur pour l’enseignement doivent être de 700 francs par an.
Ce revenu est l’addition :

  • - du Traitement de 200 francs

  • - de la rétribution par les parents selon un taux unique fixé à 1,5 franc et qui s’élevait en 1862 à 294 francs.

  • - un supplément de 700 – 200 – 294 = 206 francs


Budget communal pour l’instruction publique
Sont à la charge de la commune 200 + 206 = 406 francs couverts à hauteur de 219 francs par l’impôt local.
Il faut donc une subvention de 406 – 219 = 187 francs.
Le 01/5/1863 le Conseil Municipal propose de diminuer cette subvention en portant le taux unique de rétribution de 1,5 franc à 2 francs et le 13/5/1863 de s’abonner pour 11 francs à L’École des Communes recommandée par le Ministère de l’Intérieur et par M. le Préfet.
Le 14/02/1864, compte tenu des sommes importantes que M. Jacomy doit verser, à la suite du cantonnement, et de la prise en charge par le gouvernement de la moitié des dépenses du mobilier personnel de l’instituteur, qui restera la propriété de la commune, le Conseil Municipal vote l’achat de mobilier pour 300 francs.

Références : (ADPO 1T34, 1T43, 1T65, 1T142, 1T149, 1T172)

L’abbé Antoine Trilles contre Jean Montal - Voir ici

Jean Montal est à Mosset depuis 1863 et Antoine Trilles depuis 1866. Le premier âgé de 33 ans est ancien élève de l’École normale, le second a été professeur au petit séminaire de Prades. L’un est épris de liberté et tourné vers l’avenir, l’autre est un "légitimiste traditionnaliste, farouchement opposé à l’évolution des mœurs.
"se montra sévère pour la tenue des fidèles à l'église, exigeant le silence le plus absolu et un extérieur convenable ; Les simples blouses étaient impitoyablement bannies et il fallait assister aux offices en veste très propre. Ses discours empreints de zèle tout apostolique dépassaient peut-être la mesure dans l'expression et parfois il blessa sans le vouloir quelques-uns de ses paroissiens."
La production épistolaire du curé est remarquable. Il informe et demande des actes à l’évêque de Perpignan, à l’inspecteur d’académie et au préfet du Département.
Voici quelques extraits de ses lettres éditées in extenso sur la page Trilles Antoine de ce site
- Montal a "mis la discorde entre la femme de Monsieur le maire, le Docteur Sébastien Bazinet et ses deux demoiselles.
- Le maître du café, mis en suspicion sur l'immoralité de l'instituteur par rapport à sa femme, a failli troubler de nouveau son ménage, en faveur duquel l'administration civile a forcé notre ex dernier maire [Palol Gaspard] à donner sa démission.
En effet, la femme Abadie
[née Marie Parent de Mosset], maître du café, n'avait-elle pas avoué à son adultère amant [Palol Gaspard], qu'en l'absence de son mari, le Sieur Montal avait violé sa chambre et sa couche en se jetant sur elle en disant : " Voici enfin ma proie ! "
- J'éprouve une honte insurmontable à confier au papier, qui en rougirait, les paroles séductrices qu'il a adressées à une de mes nièces, âgée de 24 ans, dans mon presbytère."

Jean Montal réagit dans le même style et écrit à Monseigneur Etienne Ramadié, évêque des Pyrénées Orientales

"Monseigneur, en vous signalant un pareil état des choses, je n'ai d'autre but que de me défendre contre une horrible calomnie.
Je suis à Mosset depuis 4 ans. Pendant le séjour de Monsieur Sobra, chanoine, il n'a cessé d'exalter la population et, pour ma part, je n'ai eu qu'à me féliciter de mes bons rapports.
Monsieur Trilles
[Antoine curé de 1866 à 1870] est à Mosset depuis 14 mois. Le désordre est dans la population. Ma moralité et l'honneur de la première famille de la commune sont déchirés, sont prêchés par le ministre qui doit prêcher la charité.
Je ne vous dirais point que je suis innocent ou que je suis coupable, mais je supplie votre grandeur de nous appeler, l'un et l'autre, en votre présence."
La confrontation n’eut jamais lieu mais Jean Montal quitta Mosset en 1867 pour Fuilla.
Et Trilles s’occupa alors d’une autre institutriceAngèle Cantié.


Adèle Cantié – Institutrice de 1865 à 1878


Adélaïde Marguerite dite Adèle Cantié (1847-1923)

Adèle Cantié née à Mosset est la fille de Joseph Cantié (1796-1867), officier de santé à Mosset et de Marguerite Capeille de Vernet.
Elle appartient à une famille catholique pratiquante de 7 enfants qui ont tous suivi des études secondaires. Elle est la plus jeune et son frère Benjamin sera maire de Mosset alors que le père, longtemps membre du Conseil Municipal ne sera qu’adjoint.

Institutrice en 1865 de l’école libre
Son brevet de capacité a été donné le 16/09/1865 par le Recteur de l'Académie de Montpellier. Le 10/10/1865, comparue devant le maire Gaspar Palol, et conformément à l'article 27 de la loi du 15/03/1850, elle a déclaré avoir l'intention d'ouvrir une école primaire dans la commune de Mosset, rue de la Place [Probablement Carrer del Trot]."
Elle est la première institutrice à Mosset en 1865 dans une école libre, alors qu’elle n’a que 18 ans. Un rapport de l’Instruction publique nous apprend que Mosset a 1214 habitants et que son école libre de filles compte 8 élèves filles âgées de moins de 7 ans, 3 élèves filles âgées de plus de 13 ans. 21 élèves filles sont "payants" et 6 élèves filles ont plus de 13 ans n'ayant jamais fréquentés l'école. 16 élèves filles sont exercées aux travaux de l'aiguille.
Institutrice libre, Adèle Cantié, célibataire, est jugée "moyenne, Morale, assez capable, considérée, ayant de bonnes relations avec les autorités." En 1865 le maire est Gaspard Palol. et le curé Joseph Sobra. (ADPO 1T43).

Institutrice en 1865 de l’école publique
La loi du 10 avril 1867 assure l'organisation d'écoles publiques de filles dans toutes les communes de plus de 500 habitants et la gratuité. Elle crée un corps d'institutrices publiques.
Mosset crée cette école le 20/12/1868. (ADPO 1T35)
Mademoiselle Adèle Cantié est nommée institutrice laïque le 04/01/1869 avec un traitement de 200 francs
L'école des filles est fréquentée en 1869 par 40 élèves dont 30 payantes. (ADPO 1T64)
Molitg et Campôme n'ont pas d'école des filles, (Molitg a une école de garçon).

Les luttes politiques locales lui causent quelques soucis. Dans une lettre du préfet à M. le sous-préfet et à M. le maire de Mosset du 14 janvier 1870 on peut lire"Je vous prie d'annoncer à M. le maire de Mosset que je suis disposé à opérer le changement de Mlle Cantier institutrice publique. Cette maîtresse ne peut toutefois être changée que lorsque la commune aura une maison pour la tenue de l'école, le logement de l'institutrice et un mobilier scolaire. Je vous prie d'en donner avis à M. le maire et, de faire délibérer le conseil municipal sur cette question."

En 1878 elle demande un congé, (Elle a 31 ans) et est remplacée par Mademoiselle Taja nommée le 09/10/1878. Elle ouvre une épicerie au 1 Plaça San Julia et se marie en 1881 avec le nouvel et jeune instituteur Philippe Arbos muté à Mosset la même année.


L’abbé Antoine Trilles contre Angèle Cantié - Voir ici

Ayant réglé le sort de Jean Montal, lc curé desservant de Mosset s’interesse à celui de l’institutrice. Dans sa lettre du 17-03-1869 à l’évêque, l’abbé signale que Mademoiselle Cantié, institutrice communale de Mosset, lit le journal l'Indépendant.
" Monseigneur,
Mademoiselle Cantié Adélaïde, institutrice communale de Mosset, reçoit très certainement le journal l'Indépendant des Pyrénées Orientales à l'adresse de son frère étudiant en médecine à Montpellier
[Benjamin Cantié]. Elle le prêtait journellement à un jeune bachelier qu'elle courtisait très certainement. Ce jeune bachelier se trouve actuellement au collège de Perpignan. Elle le prête très probablement à l'instituteur communal [André Vernet] qui est en excellente relation avec la famille Cantié dont les opinions sont très connues. Celui-ci d'ailleurs le lit dans une autre maison de Mosset."


Angèle Cantier doit être remplacée
Lettre du sous-préfet au préfet du 17/04/1870

"J'ai examiné très sérieusement la demande que vous a faite M. Bazinet, maire de Mosset, de faire permuter Mademoiselle Cantié, (âgée de 23 ans, c'est la future épouse de Philippe Arbos) actuellement institutrice dans la commune, avec Mademoiselle Gauze qui occupe la même fonction à Opoul et je n'hésite pas à vous faire connaître que je considère ce déplacement comme très inopportun avant le vote [ Plébiscite du 12 mai 1970].
Il y a entre Monsieur Bazinet et le frère de Mademoiselle Cantié qui est médecin à Mosset, une rivalité de métier qui date du vivant des pères de ces derniers. Monsieur Cantié père
[Décédé en 1867 à l'âge de 58 ans] a exercé longtemps la médecine dans ce pays et il avait même une clientèle nombreuse et très fidele.
Son fils ne lui a pas succédé immédiatement ; il n'est venu s'installer que depuis un an environ (1869, né en 1842 il a 47 ans). Il a naturellement retrouvé des anciens clients de son père  et de nombreux amis de famille. Il professe, il est vrai, des opinions très avancées, mais comme il a dans sa clientèle des tenants d'ordre très prononcés.
Je ne crois pas, dans cette circonstance, qu'il fasse une propagande soit pour l'abstention, soit pour un vote hostile. Je ne pense même pas qu'il s'en occupe du tout. Si donc nous n'avons pas à craindre son action pourquoi l'irriter brutalement en prenant à l'égard de sa sœur à laquelle ils seraient tous fort sensibles. Son intervention dans la lutte aurait alors une raison d'être et pour faire pièce à un Bazinet il pourrait fort bien entraîner à sa suite des partisans de l'ordre mais ennemis de ce dernier. De ce côté là je ne vois que des francs inconvénients à prononcer en ce moment le changement demandé par M. Bazinet.
J'espère même faire neutraliser entièrement l'influence de M. Cantié par l'intermédiaire directe de Monsieur de Massia
[Edouard fils de François, qui était  maire de Mosset vers 1830], maire [de Molitg ] et propriétaire de l'établissement thermal de Molitg.
Quant à la satisfaction à donner à Monsieur Bazinet, qu'il 'ait un peu plus tôt ou un peu plus tard, cela ne modifiera en rien son action dans la lutte qui va s'engager. Il sait déjà que Mademoiselle Cantié doit être changée. Je le lui rappellerai confidentiellement quand je le verrai un de ces jours ; mais il n'ignore  pas aussi qu'un changement ne pourra avoir lieu que quand le conseil municipal aura voté le mobilier de l'école et que l'école sera prête à recevoir une institutrice venant du dehors.

L'espérance dans laquelle il sera que Mademoiselle Cantié sera changée d'ici la rentrée prochaine suffira bien  certainement pour maintenir dans les bons sentiments qu'il vous a exprimés et je ne mets pas en doute que son concours nous soit acquis."


Retour d’André Vernet à Mosset en 1867


Les enfants ont grandi : Eugénie 17 ans, Théophile 16 ans, Alexandrine 11 ans et la famille s'est encore agrandie d'un garçon prénommé Benjamin 4 ans, prénom qui le marquera ; il sera faible de constitution et maladif ce qui permettra de le distinguer de son frère Théophile. Cependant il ne restera pas le benjamin, une troisième fille Marie, naîtra en 1876.

Dans un fichier sur les instituteurs communaux et libres de 1861, on note encore qu’il n’est pas ancien élève de l'école normale de Perpignan, que la confiance des familles est très étendue, qu’il reçoit des filles dans son école, qu’il a 20 élèves en hiver et 30 en été, qu’il n’y a pas de classe d'adulte, qu’il n’exprime pas assez de zèle dans l’exercice de sa fonction mais qu’il jouit d’une bonne considération publique et qu’il fait preuve de bons principes religieux et moraux. (ADPO 1T34)

La classe s’ouvre le 1 octobre 1867 et dès le 18 du même mois l’inspecteur de M. Beuzeval est à Mosset chez André Vernet. Il note dans son rapport : "Cette résidence lui est particulièrement agréable, attendu que sa femme y possède des relations et quelques revenus. Nous devons nous attendre que cet instituteur fasse tous ses efforts pour élever son école au rang des meilleurs de l'arrondissement. Je le crois instruit mais manquant d'énergie. Je souhaite que l'avenir lui donne l'art.
Les enfants se tiennent bien mais plusieurs sont pieds nus. On remarque, chez un très grand nombre, une propension à la malpropreté qui fait peine à voir. 70 élèves sont inscrits mais 32 seulement sont présents.
Les revenus de M Vernet sont de 950 francs dont 250 francs au titre du secrétariat qu'il assure à la mairie.
L'analyse du détail des matières indique :
- Instruction religieuse : 12 élèves suivent l'histoire sainte et le catéchisme,
- Orthographe : 15 font la dictée avec de nombreuses fautes,
- Lecture et système métrique : 12 apprennent à compter, les résultats sont faibles,
- Histoire et géographie : nul."
(ADPO 1T445)
 
Inspection de M. Beuzeval, du 22 janvier 1868 à l'école publique de garçons de Mosset
Molins de 4 mois plus tard, l'inspecteur est de retour à Mosset :64 élèves sont inscrits mais 52 seulement sont présents.
"A mon avis, il a eu un grand tord de solliciter de nouveau ce poste et de l'accepter car les autorités et les familles ne l'ont vu revenir qu'avec une grande défiance. Il est vrai que la conduite de cet instituteur est irréprochable et les relations bonnes - tout le monde lui rend justice sur ce point - mais cela ne suffit pas.
A Mosset on aime l'instruction ainsi que le prouvent le nombre et la vivacité des réclamations qui m'ont été adressées
."
"Cependant le traitement relativement élevé auquel peuvent prétendre les instituteurs à Mosset, serait un puissant moyen d'incitation pour un homme énergique et aimant la profession. Ainsi l'école avec les accessoires, c'est à dire avec la mairie et la confection des rôles pour le canal d'arrosage, atteint en moyenne le chiffre de 1700 francs par an." (ADPO 1T445)

Inspection de M. Beuzeval, du 17 octobre 1868 à l'école publique de garçons de Mosset
52 élèves sont inscrits mais 42 seulement sont présents.
Les revenus de M Vernet sont de 950 francs dont 200 francs au titre du secrétariat qu'il assure à la mairie.
"La propreté est douteuse, la discipline molle.
Lecture courante : 30 élèves,
Calcul : 25 qui savent peu de choses,
Orthographe : 18 élèves,
Histoire de France : 10, bien,
Écriture : 24.
Le curé [Antoine Trilles] paraît content de l'enseignement religieux. Aujourd'hui les plus petits enfants sont en mesure de faire une conversation en français. Les préventions qui ont accueilli l'instituteur commencent à se dissiper. M. le maire [Sébastien Bazinet] et M. le curé lui rendent justice et la plupart des parents aussi. Je lui souhaiterais plus d'énergie, mais, à son âge [47 ans], il n'est plus guère permis d'espérer une réforme du caractère, le pli est pris. La moralité et la tenue sont irréprochables.
La salle de classe est étroite et obscure [2 Placa San Julia], privée de cour pour la récréation. Le mobilier est suffisant mais vieux et délabré. Le logement personnel est assez bien. Dans une longue conversation avec M. le maire, nous avons parlé de la création d'une école de filles. En vous adressant, demain, le rapport concernant l'école libre dirigée par Mademoiselle Cantié, je vous ferai part des résultats, car M. le maire m'a promis de consulter quelques-uns uns de ses conseillers municipaux les plus influents et de flairer leurs intentions définitives." (ADPO 1T445)

Mosset avec 1268 habitants en 1868, comptait alors 3 établissements :

  • 1 école communale de garçons,

  • 1 école libre de fille,

  • 1 école d'adultes. (ADPO 1T8)


Inspection du 13 décembre 1869 à l'école publique de garçons de Mosset
Sur 77 élèves inscrits, 34 sont payants, mais 52 seulement sont présents.
" Les élèves ne sont pas propres. L'instituteur est apathique. Il a besoin d'être excité. Cependant les résultats sont satisfaisants. La moralité de l'instituteur est excellente. Ses sentiments religieux inattaquables. Il élève bien sa famille. Son fils aîné [Théophile] se prépare à la prêtrise au grand séminaire et sa fille [Eugénie] à l'obtention du brevet d'institutrice à la pension tenue par les religieuses à Prades. Les rapports avec l'autorité sont en apparence bons. Nous savons que le maire [Sébastien Bazinet] et le curé [Antoine Trilles] ne lui sont pas favorables. Réellement rien n'a changé dans la situation que signalait mon rapport du 17 octobre. Il est généralement estimé mais on lui reproche un peu de négligence.
Le matériel de l'école est assez bien. Avec l'acquisition d'une carte du département et d'une carte de France, il serait presque complet. La salle d'école n'est pas assez vaste ni assez éclairée. Le logement de l'instituteur est suffisant mais assez mal disposé. Il n'y a ni bibliothèque ni jardin
" (ADPO 1T445)

Inspection du 20 avril 1870 à l'école publique de garçons de Mosset
82 élèves sont inscrits mais 59 seulement sont présents. La population est de 1260 individus.
M. Vernet qui a 3 enfants à charge a un revenu de 1200 francs dont 200 francs de secrétariat pour la mairie.
"Les résultats sont bons. Les relations avec le curé sont bonnes et tendues avec le maire. M. le maire semble moins se plaindre de M. Vernet mais il n'épargne pas Mademoiselle Cantié, ce qui prouve que c'est toujours la rivalité de métier qui est la cause des rapports nombreux qui ont motivé nombreuses missions dans cette commune." (ADPO 1T445)

Conseil Municipal du 06/04/1871
"le zèle déployé par le M. Vernet directeur des cours d’adultes en 1869/1870 et 1870/1871 : 100 francs per cours soit 200 francs à titre de gratification."

Inspection du 8 novembre 1871 à l'école publique de garçons de Mosset
60 élèves, 60 sont présents.
"Les enfants sont entassés. Les enfants ne sont pas propres. La discipline laisse à désirer. M. Vernet est bien mou. Pas de livre d'histoire de France, ni de livre d'histoire sainte. Il faudrait investir 3000 francs. Pour Vernet c'est sa dernière chance. "(ADPO 1T445)

Inspection du 10 juin 1872 à l'école publique de garçons de Mosset (1T445) qui sera fatale
78 élèves, 60 sont présents.
M. Vernet a 4 enfants à charge : le garçon aîné est au grand séminaire [Théophile], la fille aînée est institutrice à Finestret [Eugénie] et un garçon et une fille reçoivent les leçons de leur père [Benjamin 11 ans, Alexandrine 16 ans].
"Les élèves ont presque tous les cheveux extrêmement longs, ils sont mal peignés, c'est à dire ne sont pas peignés du tout. Ils ont la figure et les mains remplies de crasse et de terre. Le fils de l'instituteur [Benjamin] a la chevelure plus longue qu'aucun autre élève. Il n'y a aucune espèce de discipline, les élèves font ce qu'ils veulent : ils ne suivent pas, ils causent tout haut et tous à la fois. Lorsqu'un élève lit, ceux de ses condisciples qui ont des livres, car ils n'en ont pas tous, suivent à haute voix. En un mot il est impossible de rien entendre.

  • - Catéchisme : assez bien,

  • - Histoire sainte : passable,

  • - Histoire de France : faible,

  • - Géographie : très faible.

Les élèves des deux premières divisions sont bien classés, mais il n'en est pas de même pour ceux de la 3. Ces élèves, en effet, qui sont extrêmement nombreux ne forment qu'un seul groupe. Or, pour la lecture il n'y a pas de tableau, l'instituteur se place sur la chaire, prend un alphabet, fait lire une ligne à un enfant et ensuite tous ses condisciples forment une espèce de tas (sic) répétant ce que le 1 vient de lire. Ce procédé est on ne peut plus défectueux car les enfants apprennent par cœur, répètent sans regarder le livre, et contractent l'habitude de chanter en lisant. L'enseignement de la lecture est donc mal fait.
Il en est de même de l'enseignement du calcul. Quant à l'écriture l'instituteur écrit très mal et se montre peu exigeant pour les élèves.
M. Vernet manque de zèle, d'énergie et de fermeté.
Sa conduite dans la commune est bonne. IL est bien avec M. le curé, M. le maire et les familles mais on se plaint partout de son enseignement. Un certain nombre de parents lui ont déjà retiré leurs enfants pour les envoyer à Molitg où Madame Angry a une très bonne école (Voir rapport sur l'école de garçons de Molitg). M le maire et plusieurs autres personnes se proposent d'en faire autant si M. Vernet ne se met pas sérieusement au travail.
J'ai fait à l'instituteur des observations très sérieuses ; il rejette la faute sur les parents ; mais je lui ai fait remarquer que son fils se tient beaucoup plus mal que d'aucun autre élève et qu'il mettrait à lui seul le désordre dans la classe s'il n'y était pas déjà. Le fils de l'instituteur est en effet, d'une dissipation incroyable et ne respecte personne. Pendant l'inspection j'ai dû lui faire plusieurs observations. Il fait partie de la première division : or j'avais recommandé à tous les élèves de suivre attentivement la lecture que nous faisions et de chercher la réponse aux questions de grammaire, d'analyse, de sens des mots etc. afin que chacun fût en mesure de répondre. Tous les élèves se montrèrent très attentifs sauf le fils de l'instituteur, qui causait ou dérangeait ses voisins. Je lui fis deux observations très sévères qui ne produisirent aucun effet ; alors je le fis sortir de la classe.

M. le curé m'a dit qu'il avait dû un jour le renvoyer du catéchisme. M Vernet ne sachant pas gouverner son fils obtiendra difficilement l'obéissance et la soumission des autres élèves. On m'a affirmé que dans des répétitions, où prenait part un certain nombre d'élèves, il arrivait souvent que le fils de l'instituteur se levait au milieu d'une explication et s'en allait en sifflant.
L'instituteur parle, dit-on, catalan dans sa classe. Souvent il adresse à un élève des qualifications de mauvais goût et les élèves lui répondent sur le même ton…
La municipalité de Mosset se propose de faire construire prochainement une maison d'école…
Les progrès sont insignifiants. Je n'ai trouvé qu'un seul élève dénommé Parès
[Plusieurs Parès avaient entre 6 et 12 ans en cette année. .Le plus probable est Etienne Parès père d’Édouard Parès] qui réponde convenablement. Cet élève a une assez bonne instruction mais il prend en lisant et en récitant une intonation des plus désagréables, ce qui du reste est tout à fait général à l'école de Mosset.
Il y a à l'école de Mosset quatre enfants assistés : Vilar Justin, Criquero, Casse Isidore, Delmas Antoine. L'instituteur leur fournit ce qui est nécessaire pour suivre la classe. Je demanderai dans quelques temps à M l'inspecteur d'Académie les imprimés pour que l'instituteur et les institutrices puissent faire la note.
Je me verrai conduit à demander son changement, quelle que soit d'ailleurs la répugnance que j’éprouve à faire déplacer un père de famille déjà âgé
[51 ans]."

Trois mois plus tard, le 04/10/1872, M Vernet commençait la classe à Bouleternère (Arrêté du préfet du 11/09/1872).
En 1875, André Vernet était à la retraite. Revenu à Mosset, il demandait le 1 mars 1875 officiellement l'autorisation d'ouvrir à Mosset une école privée, au quartier de "La place vieille" où il a sa maison au N°8.
Visée par Sébastien Bazinet, maire de Mosset, avec mention "le local indiqué reconnu valable" et transmise, cette demande est restée sans réponse. André Vernet réitère sa demande le 05/07/1875 qu'il adresse directement au Préfet. (ADPO 1T445)

Théophile est au grand séminaire, il a été dispensé de service militaire à cause de sa petite taille (1,6 m). Benjamin n’a pas 10 ans. Marie, mère d’André Ville naîtra en 1876.
Les seuls revenus de la famille, outre les propriétés de la mère, seront le secrétariat de la marie et la représentation locale de la Caisse des Assurances Générales Agricoles

En 1876, les Vernet (André 55 ans, Marie 47 ans) ont leur 5e et dernier enfant Léontine Gabrielle dite Marie, qui épousera Jean Baptiste Ville, employé des postes, parents de Jean André Ville, mathématicien ancien élève de l'École Normale Supérieure. Voir ici

En 1895 à 74 ans, veuf depuis deux mois, il décède le 7 avril 1895 à la suite d'une chute dans l'escalier de sa maison du 8 Plaça de Dalt entre le rez-de-chaussée et le 1er étage. (Journal le Canigou du 13/04/1895)


Come Léon – Instituteur de 1872 à 1875


Come Léon est né en 1837 à Formiguères et a épousé Marie Delcasou (1846). Il a obtenu le brevet de capacité le 05/09/1862.(ADPO 1T64)
Il commence sa classe à Mosset le 01/10/1872 qu’il quittera, victime des élections de 1875. Aux mouvements du 22/09/1877 il quitte Eus pour le Perthus avec un traitement de 1200 francs.

Commentaires : "Disgrâce, défaut de zèle, mauvaise conduite." (ADPO 1T65)
En 1895-96 il est instituteur au Boulou, à 52 ans, récompensé pour ses cours d'adultes : on lui fait un don de livres. (ADPO 1T326)


Cours d’adultes
Conseil Municipal de Mosset du 9/2/1873
"Vu le zèle déployé dans l’exercice de ses fonctions par M. Come, qui a dirigé pendant cet hiver, un cours gratuit d’adultes de 73 élèves, qui n’a nullement nui à la bonne tenue de sa brillante classe du jour.
Vu la fréquentation de ce cours d’adultes et des progrès qui ont résulté d’une bonne direction, progrès constatés par un conseiller municipal, le Docteur Cantié, qui a souvent assisté aux leçons et qui, toutes les fois, a bien voulu partager les fatigues du susdit instituteur.
Considérant qu’un cours d’adultes est presque aussi utile à Mosset que la classe de jour, entendu que le plus grand nombre de ses habitants est dans l’impossibilité de faire sa signature,
Que ce cours du soir peut détruire, sinon tout à fait, du moins en partie, l’ignorance qui pèse si lourdement sur notre population,
le Conseil Municipal est d’avis que l’autorité supérieure ne saurait trop encourager, quand il y a lieu, les hommes qui se dévouent pour le bien être de nos populations et vote, pour ce qui le concerne , à l’unanimité des remerciements à M. Come instituteur pour ses soins intelligents dont profite notre population et ose espérer que l’autorité supérieure voudra bien, pour un encouragement quelconque, récompenser les bons services de ce dévoué et zélé fonctionnaire.
"
A la réunion du 11/05/1873, Conseil Municipal, vote une indemnité de 100 francs pour 1872-1873.

Démarches du Conseil Municipal pour le retour de Léon Come
En janvier  1876, Léon Come est muté. Le Conseil Municipal demade son retour pour l'année scolaire suivante..
Lettre  du 19/09/1876 du Conseil municipal au Préfet
"Au mois de janvier, Monsieur Côme, instituteur communal à Mosset, fut changé au grand regret de la commune. Nous avons déjà fait inutilement plusieurs démarches pour obtenir que Monsieur Côme fut replacé à Mosset ; nous espérons, Monsieur le Préfet, que celle-ci aboutira, surtout si nous ne craignions pas de vous exposer le motif véritable de la presque disgrâce de notre ancien instituteur.
Vous n'ignorez pas, Monsieur le Préfet, que pendant la dernière période électorale, le pays était très agité et que dans l'arrondissement de Prades plusieurs candidatures à la députation tendaient à se produire. Il n'est pas nécessaire de vous rappeler les noms de M.M. Pallarès, de Gelcen, etc..M. Pallarès, futur candidat, un mois avant  M. de Gelcen, vit avec déplaisir que le fils d'un propriétaire influent de Formiguères, qui avait toujours combattu sa candidature au Conseil Général dans le canton de Mont- Louis, occupait une commune importante dans le canton de Prades. Il en conclut probablement que M. Côme, instituteur public à Mosset, pourrait être nuisible à la candidature qu'il rêvait. Il obtint donc son changement ; et il l'obtint tellement que M.Picheyre, qu'il devait remplacer à Err, s'étant maintenu par l'intermédiaire de Monsieur Justin Durand, candidat au Sénat, en lui promettant  de se faire nommer délégué ; M. Côme fut immédiatement nommé à Olette, ou M. Pacouil réussit aussi à rester, nous ne savons comment. Le mal ne s'arrête pas là, M. Côme devait partir de Mosset, car le maire [Gaspard Palol] imposé de notre commune, n'était pas non plus son ami. Il fut nommé définitivement à Estoher, poste sans logement, alors qu'on lui avait offert  plusieurs petits postes dérisoires.
Ce que nous voulons vous présenter, Monsieur le Préfet, en vous racontant ce qui précède, c’est qu'on a mal fait de frapper un homme fonctionnaire, ne se mêlant aucunement de politique durant une période électorale car, Monsieur le Préfet, ne croyez pas que nous nous élevions contre le droit qu'ont les supérieurs sur leurs subordonnés, quand les nécessités du service l'exigent.
Nous croyons donc, Monsieur le Préfet, faire notre devoir en vous adressant  cette supplique et nous sommes sûrs que vous n'hésiterez pas  à réhabiliter un homme qui a été injustement frappé par Monsieur Paul Fabre. Notre instituteur, Monsieur Olive est changé, sans rien déplacer, il vous serait si facile, Monsieur le Préfet, de renommer M. Côme à Mosset : ainsi nous espérons que vous prendrez en considération notre demande et vous accomplirez en même temps un acte de justice.
Recevez, Monsieur le Préfet, l'assurance de notre dévouement.
"
Les signataires faisant partie du Conseil municipal.
Grau Isidore (1832->1894). Rousse Jean, (1835-1909), Ruffiandis Jacques (1823-1891) maire premier conseiller, Cantié Benjamin, (1842-1900), Manaud Isidore (1837-1887), Pacull Côme (1810->1894), Rolland Jean, , Escanyé François (1837-<1883), Marty Jacques (1824-1896) 2ième conseiller, Bousquet Bernard (1824-1911). (ADPO 1T89)
.


Olive François– Instituteur en 1876


Olive François
enseigne à Mosset du 01/01/1876 au 01/10/1876. (ADPO 1T152)
Il a obtenu son Brevet de capacité le 01/09/1855. Il est marié et a 4 enfants. (ADPO 1T64)
Le 1/10/1876,il est nommé de Mosset à Codalet Son traitement de 1300 francs est réduit à 1000 francs.
Commentaires : "Honnête homme mais fatigué et capable seulement de diriger une petite école." (ADPO 1T65)


Grando Michel– Instituteur de 1877 à 1878


Au mouvement du 22/09/1877, Grando Michel est nommé, sur sa demande, de Villelongue-dels-Monts à Mosset. Il est marié et son traitement est de 1000 francs. (ADPO 1T65) Il enseigne du 01/10/1877 au 09/09/1878. Il a 4 élèves gratuits. (ADPO 1T151)
A sa demande, le 09/09/1878 il est nommé de Mosset à Cabestany, traitement de 1000 francs. (ADPO 1T66)

En 1904, directeur à Argelès sur Mer, il y reçoit la médaille de bronze pour avoir enseigné 30 ans aux adultes. (ADPO 1T328)

Budget de l’enseignement primaire pour 1877
     

Dépenses

Revenus

 

Instituteur

Institutrice

Total

   

Traitement fixe

300

200

500

Impôts

480

Rétribution

700

243

943

Rétribution

943

Complément

400

303

703

Subvention

814

Total

1400

746

2146

Total

2237

Local

 

75

25

   

Imprimés

 

16

16

   

Total

   

2237

 

2237

Commentaires
- La rétribution scolaire pour 1877 est fixée par le Conseim municipal du 15/06/1876
pout 1877 à 1,5 francs pour les 2 sexes et 0,75 franc pour les élèves "gratuits."
C'est le premier poste de revenus
- L'impôt ne couvre que la quart environ des dépenses et la subvention plus du tiers.
Cette subvention est accordée par le Départemnt et l'Etat

 
Mis à jour le 13/02/2018
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