Le vingtième siècle d'un village pyrénéen - Mécanisation - Histoire de Mosset

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Le vingtième siècle d'un village pyrénéen - Mécanisation

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MÉCANISATION


G
râce à certains hommes, et je citerai ici Marcel Corcinos, la mécanisation, oh ! très timide, va faire son apparition. Marcel va essayer de faucher avec une faucheuse mécanique tractée par une paire de vaches. La tondeuse était simplement mue par le mouvement des roues mais permettait d'aller quatre ou cinq fois plus vite qu'avec la faux à main. Nous sommes dans les années 20, mais les prairies de montagne ne se prêtent guère à cette mécanisation. Ces prairies sont en pente, souvent prononcée, agrémentées de quelques arbres ou quelques rochers et le passage de la faucheuse et des bêtes de trait est trop difficile. Cet essai ne s'avérera pas concluant mais il aura eu le mérite d'exister.

Par contre un autre essai de Marcel va faire franchir un grand pas au progrès : la batteuse mécanique. L'engin est simple et il ne remplace que le fléau. La batteuse est entraînée par un moteur à essence et se contente d'extraire le grain de l'épi. Mais que de gain de temps ! Plus besoin de préparer l'aire puisque toute l'opération se passera sur une surface restreinte, la totalité des gerbes sera avalée par la machine en une journée là où il fallait trois jours à une grosse équipe. Le balayage de l'aire, pour entasser le grain, sera évité puisqu'on aura le tas devant la machine alors qu'on aura débarrassé la paille au fur et à mesure. Il ne restera à effectuer que le travail de la tarare. Seul inconvénient, le déplacement de la batteuse qui ne pouvait se faire que portée par une charrette.

Mais rapidement, dans les années 30, on va passer au stade supérieur. Pierre Arrous, "Pierre Petit" pour les mossétois, va se doter d'une batteuse beaucoup plus perfectionnée. Toujours actionnée par un moteur à essence, elle va libérer le grain qui tombera, tout propre, dans les sacs. On vient donc de franchir un nouveau pas en supprimant le travail de la tarare. Le battage terminé, très rapidement et avec la seule équipe familiale, la paille est dans la grange ou sur la meule et le grain dans les sacs ou au grenier. Encore un inconvénient toutefois, la batteuse se déplace bien sur roues, tractée par un cheval, mais ne peut rouler que sur route ou chemin facile, ce qui exclut son exploitation en montagne. Elle restera dans la vallée mais Pierre Arrous battra, non seulement le village, mais toutes les propriétés jusqu'au Monastir.

Dans les cortals, d'accès difficile, le vieux fléau continue de sévir et de servir. D'ailleurs, il est heureux qu'on n'ait pas jeté au feu ce vieil engin, car voici qu'arrive la guerre de 1939 avec son cortège de privations et en premier lieu la suppression de l'essence qui va rendre les moteurs muets. Pendant de nombreuses années encore il va falloir battre à la main et ce n'est que vers 1946 qu'arrivera l'immense batteuse moderne qui débitera, à cadence accélérée, la paille en bottes et le grain en sacs. Son apparition ne durera que quelques années car le paysage va se modifier rapidement et les blés vont disparaître pour laisser la place à d'autres cultures.

Pour l'instant, les paysans ont à faire face à un événement beaucoup plus important et plus tragique : Septembre 1939, la France vient de déclarer la guerre à l'Allemagne d'Hitler et c'est parti pour six longues années.

Nous reviendrons un peu plus loin sur ce grave événement qui va encore priver le village d'une partie de sa main d'œuvre.

 
Mis à jour le 13/02/2018
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